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Les cheveux, arme de banalisation massive ?

24 août 2012 |

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En ce début d’été, il nous a été posé une question aussi pertinente – par l’époque et le sujet – qu’intéressante par son universalité (question posée sur notre chaîne Youtube).

Cette question mettait en avant nos techniques de lissage et de défrisage, et l’impact que de telles techniques peuvent avoir sur l’apparence, le style… sur la vision de l’autre, donc.

Lissage sur cheveux maghrébins

Plutôt que de tenter une réponse par avance incomplète et trop mince pour la largeur du sujet – les commentaires sur Youtube sont limités à 500 caractères : très peu de place pour une explication développée – j’ai préféré porter ma réaction au niveau de post complet.

Notre vidéo du lissage américain pour homme

Voici le commentaire posté par Samy310383 à la fin du mois de Mai sur notre vidéo de présentation du lissage américain pour homme :

 

 

« Avec tout le respect que je dois à votre salon que j’adore, quand j’entends parler de lissage de cheveux maghrébins pour un homme, je tire la sonnette d’alarme du conformisme. Oui, nous autres magrébins avons le cheveu épais/frisés, est-ce pour autant incompatible avec une coupe alliant esthétique et style ? Malik, tes cheveux frisés et bouclés te vont bien. Je respecte les choix/goûts des autres, mais le souhait d’avoir les cheveux lisses cache-t-il l’envie d’avoir les cheveux comme ceux des autres?« 

 

La mode est une constante contemporaine, un héritage du déjà lointain XXe siècle, qui, dès son intronisation, fut ce qu’elle est encore aujourd’hui : un élément des plus efficaces pour se différencier de l’autre, se mettre en valeur, s’épanouir, se réaliser.

Il faut rappeler qu’avant l’appartition des premiers magazines spécialisés (féminin fin XIXe siècle et masculin début XXe), il ne sera pas possible de distinguer de « modes » au sens actuel du terme, à part, et ce depuis au moins le XIVe siècle, dans les cours royales européennes et dans les hautes sphères de certaines sociétés antiques.

 

L’idée de conformisme ou d’appartenance à une même société

L’idée de conformisme, de son côté, ne date pas d’hier.

Depuis l’apparition des premières sociétés structurées, une forme de hiérarchie de l’apparence s’est très rapidement mise en place. Pour des raisons évidentes de cohésion quant à l’organisation du pouvoir décisionnaire par exemple,  l’identité de l’individus a très tôt été matérialisée par l’habit, la parure, la coiffure.

En admettant le fait que le chef d’un groupe donné se démarque stylistiquement des autres membres du groupe, cela implique que ces derniers se verront arborer des vêtements proches d’un modèle commun, précisant leur importance variable dans la société ou encore leur rôles différents et impliquant donc, à travers le fait d’être citoyen, de faire partie de la société, une première idée de conformité des uns par rapport aux autres.

Ainsi le militaire, le juge, l’artisan ou le maire se reconnaissent l’un de l’autre du premier coup d’oeil depuis des siècles, dans un soucis de reconnaissance, d’appartenance à un corps de métier, à une fonction sociale. Dans ce même sens, la majorité des autres membres de cette société, n’appartenant pas à un corps de métier reconnaissable, que ce soit de par un habit d’apparat (l’écharpe du maire) ou une tenue utilitaire (le tablier du menuisier) et en s’accordant sur le fait qu’avant la révolution industrielle, et même certains temps après, les industries textiles ne pouvaient apporter suffisement de variantes abordables pour que chacun ait la possibilité de se démarquer sur ce point, se sont naturellement vu porter des vêtements plus ou moins similaires.

Dans cette mesure, il est important de noter que, traditionnellement, notre identité est assurée par un sentiment d’appartenance à des groupes sociaux plus ou moins larges. Les groupes d’appartenance sont variables culturellement et historiquement : clans, castes, classes sociales, nations, régions, villes, quartiers, villages, communautés religieuses, communautés ethniques…

Le fait de se sentir bien dans sa ville, au travail, le fait de se sentir utile au groupe et solidaire des autres constituent des indicateurs du sentiment d’appartenance d’une personne.

« Ce sentiment est généralement pluridimensionnel : groupe social, groupe religieux, groupe sexué, groupe ethnique, groupe professionnel … C’est un processus interactif par lequel les individus sont inter-reliés et se définissent en rapport les uns avec les autres en fonction de champs d’intérêts et d’affinités. »

 

La multiplication des styles, courants, tendances…

A travers la multiplication des styles, des courants, des tendances, il est intéressant de noter qu’une majorité des vêtements traditionnels se sont maintenant créé une place en tant que style à part entière où du moins comme élément incontournable de mode (le kilt ou la robe africaine pour ne citer que deux « classiques ») apportant un sens toujours plus large au fait d’ ‘être à la mode », de s’établir dans une tendance donnée car le fait de se lisser/défriser les cheveux n’est pas forcement une transformation mais peut aussi être une progression, une évolution, aidée par le mélange des cultures et l’attrait exotique de certains attributs stylistiques différents des « bases » de tout à chacun.

On peut certes utiliser cette technique pour ressembler à tel ou tel modèle mais cela peut en même temps être une étape sur le chemin de la réalisation de sa propre image et de la construction de l’estime de soi.

Si le lissage apporte un résultat comparable d’une chevelure à une autre, l’ambiance générale peut varier du tout au tout.

Par exemple entre Justin Bieber et Ozzy Osbourne, pour autant qu’une matière capillaire globalement lisse les rejoigne, vous aurez de grosses difficultés à trouver d’autres points stylistiques, vestimentaires et comportementaux communs.

Dans cette mesure, nous ne saurions dire qu’un lissage pour cheveux fixe automatiquement la personnne dans un moule unique.

 

Lissage et défrisage : pour un gain de temps

lissage cheveux type maghrebinLes lissages et autres défrisages sont également un gain de temps, ils permettent de ne pas avoir à passer des heures devant la glaçe, et de devoir apprendre des techniques parfois complexes de contrôle du cheveu.

C’est un confort évident pour le démêllage et l’entretien de certains types de cheveux. L’envie de style se mélange donc invariablement avec des besoins naturels de confort au quotidien.

Pour un parent qui passe plusieurs heures par semaine à démêler, appliquer crèmes et soins sur les longs cheveux naturellement frisés ou crêpus de sa progéniture, souvent sans obtenir un résultat optimal malgrès les efforts, la technique de contrôle, lissage ou défrisage, apparaît souvent comme une bénédiction et un gain de temps considérable pour les parents comme pour l’enfant.

 

Et que dire de la possibilité d’enfin se coiffer en quelques instants en ayant la possibilité de préciser son look, peut-être aidé par une application simple de produit de coiffage, encore une fois sans plus user son mirroir?

« Ce n’est pas parce-qu’on est un caractère que l’on a du caractère »

 

Les tendances et vagues de modes

Par contre, il est tout à fait possible d’observer les tendances qu’une majorité des membres d’un groupe (social, religieux, ethnique, culturel, professionnel…) adoptent à un moment donné afin de s’établir dans un modèle prédéterminé, autrement dit d’observer des vagues de mode.

Le look, le style, l’apparence, la mode, la mouvance, le paraître, l’extérieur, la tendance, l’(es) accessoire(s), le parfum, le maquillage, les modifications corporelles, la coiffure, cet ensemble de données, de détails, de références peut, dans notre société actuelle, prédéterminer une personnalité, une attitude, un statut social, une hyérarchie, un métier, un mode de vie et aide ainsi l’observateur averti à décrypter, à déjà connaître l’autre même si cette représentation de l’esprit à travers les codes utilisables peu toujours s’erroner d’elle même. « l’habit ne fait pas le moine » dit-on alors.

Le XXe siècle a été très bénéfique pour pousser les masses à cette « réalisation de soi », qui n’en est pas toujours une d’ailleurs. Le développement rapide de la musique populaire (toute musique autre que classique, baroque, symphonique etc), l’instauration du star-system, qui a eu pour conséquence une croissance exponentielle du nombre d’icônes mondiales, le développement du web, accélérant la transmission des images et accroissant par là même leur possibilité d’impact sur un plus grand nombre de personnes, le processus de s’identifier à une icône, un modèle, souvent pour apporter une « attitude » à notre « personnage », fait désormais partie intégrante de l’idée de développer un look et par là même de se réaliser en société.

 

Et dans le monde du travail ?

Il est vrai que dans le monde du travail par exemple, avoir du style ou de l’élégance peut se révéler un repère d’organisation et de sérieux pour autrui. De même, la multiplication des métiers impliquant un large contact avec le public ne peut que renforcer l’importance de la présentation pour le plus grand nombre.

N’étant pas tous et toutes de grands stylistes, nous n’avons pas toujours les idées nécessaires pour nous assurer cette présentation et c’est là qu’entrent en jeu modèles et looks qui, tout en nous aidant à nous sentir bien vis à vis des autres, nous placeront inévitablement dans des « catégories stylistiques ».

Il ne faut donc pas sous-estimer l’importance du conformisme pour un grand nombre de personnes.

Ne pas sous-estimer l’importance du style et du bien-être non plus, surtout dans une société d’inconstance comme la notre où les repères s’effacent et se renouvellent constamment.

Nous avons tous nos peurs, nos frustrations et nos envies en rapport au monde et aux gens qui nous entourent et, en conclusion, je me permet de ne rappeler qu’un unique conseil, tiré d’enseignements du bouddhisme, et qui saura, je l’espère, convaincre les plus sceptiques quant à la vraie nécessité – ou encore l’importance – de se faire plaisir afin de se plaire soit-même d’abord et avant tout :

« Se laisser vivre sans jamais rien laisser nous entraver »

 

sources : Wikipédia, dissertationsgratuites.com

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